Touche pas à ma forêt

Touche pas à ma forêt

Notre forêt est-elle prise en otage?

Dans mon film: https://www.youtube.com/watch?v=lFXwKLJZ-80 , j'avais déjà évoqué les difficultés de l'Office National des Forêts.

 

En effet, la Cour des Comptes, dans un rapport du 24 septembre 2014 sur la gestion de l'Office, dénonce une situation "préoccupante" de cet organisme publique.

Un petit rappel, la mission première de l'ONF est la mise en œuvre du régime forestier, un ensemble de règles de gestion définies par le code forestier.

Les activités de l'Office sont:

                - la gestion des forêts domaniales,

                - la gestion des forêts des collectivités,

                - la mise en œuvre de missions d'intérêt général,

                - la réalisation de prestations de services.

 

Ces quatre activités sont toutes déficitaires.

 

" Sans l'intervention de l'Etat en fin d'exercice 2012, l'ONF n'aurait pas été en mesure de payer ses agents" rapporte la Cour des Comptes.

 

L'ONF doit donc maitriser ses charges.

Face à cette situation, qualifiée de "très préoccupante", la Cour des Comptes recommande à l'établissement publique:

                 - de se désengager de ses filiales,

                 - de se désengager du Fonds Stratégique Bois

                   (fonds tirés à l'ONF pour consolider et développer les secteurs de la scierie, de la construction et de la production d'énergie),

                 - de réduire ses dépenses de recherche qui ne correspondent pas à sa mission principale,

                 - de céder ses centres de formation.

Le rapport de la Cour des Comptes propose également d'autres pistes d'amélioration parmi lesquelles l'amélioration de la politique commerciale, le recentrage des activités sur les seules opérations rentables mais aussi la réduction des coûts de gestion des forêts des collectivités.

La Cour demande également à l'Office d'accroître la production de bois, comme le prévoit le contrat d'objectifs et de performances (COP) 2012 - 2016, signé avec l'Etat et la Fédération Nationale des Communes forestières FNCoFor).

Le Premier Ministre, dans sa réponse au rapport de la Cour, souligne la progression de la collecte de bois dans les forêts domaniales mais souligne également une situation bien différente dans les forêts des Collectivités, certaines, propriétaires de leurs forêts, refusant les coupes.

Le COP 2012 - 2016 n'est donc pas respecté par tous les signataires et le déficit de bois se fait sentir.

L'Etat, souhaitant réaliser 50 millions d'économies en trois ans, la Fédération Nationale des Communes forestières refusant de les prendre en charge, le contrat d'objectifs et de performances doit être dénoncé et un nouveau contrat est en cours de négociations.

L'ONF n'a plus le choix; il doit équilibrer son budget par des économies et de nouvelles recettes.

Le Syndicat national unifié des personnels des forêts et de l'espace naturel (Snupfen) s'inquiète à son tour et dénonce: "l'Etat continue de déstabiliser l'établissement chargé de mettre en œuvre le régime forestier".

 

Une précision quand même: le budget de l'ONF est de 872 millions d'euros et l'économie à réaliser n'est que de 15 millions d'euros par an en 2016 et 2017, soit 1,72% du budget de l'établissement.

 

En conclusion:

                  - un Etat qui impose des économies,

                  - des Communes forestières qui refusent de payer la note,

                  - un syndicat des personnels qui, devant les restrictions budgétaires, s'inquiète pour les emplois

                    et qui provoque immédiatement une grève,

                  - des Communes propriétaires qui refusent les coupes.

Résultats:

                  - un arrêt ministériel d'aménagement forestier ayant force de loi bafoué,

                  - des directives et des schémas d'aménagement non respectés,

                  - des coupes d'amélioration dans les forêts domaniales qui se transforment en coupes rases,

                  - une programmation de coupe obsolète,

                  - des engagements oubliés,

                  - des chantiers réduits aux opérations rentables, les coupes,

mais aussi,

                  - des chemins de randonnées balisés défoncés par les engins,

                  - une forêt dévastée,

                  - des spectacles de désolation,

                  - des chantiers abandonnés,

                  - des risques d'incendie accrus,

                  - des habitants choqués,

                  - et bientôt, des touristes mécontents et trompés.

 

On est quand même en droit de s'interroger:

                  - à quoi servent tous ces beaux documents d'engagements? A obtenir des subventions?

                  - à quoi servent les centres de formation et les dépenses de recherche? Pour ça?

 

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Je ne suis pas loin de penser que notre forêt est prise en otage.

Les provocations vont bon train: "la forêt nous appartient", "on va supprimer toutes les aires de pique-nique", "profitez bien de la gratuité actuelle des accès à la forêt, car on va bientôt vous faire payer", "la saison 13 des Galopades sera la dernière, car vous n'aurez plus mon autorisation pour accéder à la forêt".

 

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Voilà un exemple de coupe paysagère en traitement des lisières, annoncé par l'ONF lors d'une visite sur le terrain dans la rue des Citronniers entre le parking de la plage de la Terrière et le Parc des Quichenottes.

 

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Comment doit-on interpréter cette annonce?

Des milliers de touristes vont découvrir ce spectacle affligeant cet été!

Et les risques d'incendie? Qui est chargé de la sécurité incendie dans notre forêt?

 

 

Je suis en total accord avec Marc, "refuser l'insupportable destruction, cultiver le respect de ce qui reste du beau, et suivre le bon sens ordinaire: toucher à la forêt, oui, mais avec tact".

 

 

Patrice Anciaux



05/04/2015
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