Touche pas à ma forêt

Touche pas à ma forêt

Refuser l'insupportable destruction, cultiver le respect de ce qui reste beau, et suivre le bon sens ordinaire: toucher à la foret, oui, mais avec tact.

 

Au sujet des coupes rases en forêt de La Tranche, entre le Phare et la Terrière, en bordure de route, de nombreuses personnes se sont exprimées spontanément.

 

Bien sûr, il ne s'agissait pas d'experts forestiers et c'est leur réaction directe, voire émotive, qui a retenu mon attention.

 

Cette immédiateté, ce caractère émotionnel de réponse aux événements, mérite à mon avis d'être regardé de plus près.

Il s'agit de prendre en compte des notions difficiles à analyser, mais présentes en divers temps et divers lieux.

Celle de « insupportable » (Mencius), « respect », « devoir d'humanité », chez Montaigne : « Il y a un certain respect qui nous attache et un général devoir d'humanité, non aux bêtes seulement, mais aux arbres même et aux plantes ».

La « comment dececy » d'Orwell semble relever du même domaine de sens.

 

Le propos n'est pas de sanctifier ce qui croît et prolifère (animisme imprudent), ni de prôner un romantisme échevelé quand on n'est pas poète.

Simplement, une forêt ne se réduit pas à un ensemble de parcelles ou à une quantité de stères.

Les forêts bretonnes, pas si éloignées, domaines de légendes, en sont la preuve.

Les nôtres ont été plantées par l'homme mais cela ne fait qu'ajouter à leur présence.

Dans le soin aux plantes et aux arbres, on sait qu'il y a une sorte d'affection.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que la réflexion écologique ait trouvé une de ses sources chez les forestiers américains.

Ceux ci n'étaient pas des mystiques, mais au-delà de leur attention à leur milieu et de leur connaissance approfondie, il manifestait une réelle joie de vivre dans leur forêt.

Le promeneur solitaire ou en compagnie, le randonneur, le coureur dilettante ou sportif recherche une atmosphère plus qu'un simple parcours à boucler.

Ils ne peuvent totalement éviter de fréquenter les autoroutes, les parkings, les entrées de ville, les zones commerciales.

 

Plus au moins obligés de scruter des écrans à longueur de journée, de fréquenter des mondes de plus en plus virtuels et chiffrés, nos contemporains aspirent à des valeurs dont ils sont frustrés.

Ces valeurs : un regard qui porte loin, une profondeur de champ. La possibilité de méditer, de rêvasser, de divaguer même, de bavarder éventuellement.

L'occasion de ressentir la résistance du réel : un sol qui se dérobe ou qui est glissant, une soudaine fraîcheur …

A condition de pouvoir se rendre à l’orée d'une forêt, cela est possible (et encore autorisé et gratuit).

 

C'est pourquoi il faut refuser l'insupportable destruction, cultiver le respect de ce qui reste du beau,

et suivre le bon sens ordinaire : toucher à la forêt, oui, mais avec tact.

 

 

Marc Airault



03/04/2015
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