Touche pas à ma forêt

Touche pas à ma forêt

Le collectif "Touche pas à ma forêt" répond à Monsieur Antoine COUKA, Directeur de l'agence régionale ONF des Pays de la Loire.

Article un peu long mais indispensable pour la compréhension de tous.

 

Comme nous l'avons déjà indiqué, nos éléments de réflexion sont extraits de documents en cours de validité, rédigés par l'Office National des Forêts et propres à notre forêt domaniale classée forêt dunaire atlantique:

           - La fiche synthèse de l'aménagement de notre forêt fixant, entre autres, l'âge et le diamètre d'exploitabilité

             du pin maritime et du chêne vert,

           - L'arrêté d'aménagement forestier pour la forêt domaniale de Longeville, sur proposition du directeur général

             de l'ONF et validé par le Ministre de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, fixant le calendrier

             et les types de coupes à réaliser,

           - le schéma régional d'aménagement Centre Ouest Auvergne Limousin forêts dunaires atlantiques

             de septembre 2010,

           - le document d'objectifs du site NATURA 2000 Marais Poitevin de décembre 2003.

 

 Si on part de l'hypothèse que la longévité d'un pin maritime est de 100 ans, comme l'indique la dernière version des panneaux de l'ONF (en 2008, elle était de 200 ans), on peut admettre que nous sommes bien dans la deuxième génération d'arbres, la forêt de Longeville - La Tranche-sur-mer datant de 1850.

Dans la fiche synthèse d'aménagement, l'âge et le diamètre d'exploitabilité sont pour un pin maritime de 80 ans et de 50 cm et pour un chêne vert, 150 ans et 50 cm.

Les derniers pins abattus avaient tout juste 50 ans et le diamètre était loin des 50 cm requis. Les chênes verts abattus avaient, à quelques années près, les mêmes caractéristiques.

Il n'y avait donc aucune urgence d'effectuer ces coupes, les limites d'exploitabilité des essences principales de notre forêt étant loin d'être atteintes.

L'ONF aurait pu, sans mettre en péril notre forêt, effectuer un glissement dans le temps de 6 ans (durée de mobilisation des services sur le massif landais) du planning des coupes d'amélioration et de régénération établi initialement pour la période de 2001 à 2020.

Ce planning, décidé par l'ONF après une étude experte des gisements, ne prévoyait que 2 coupes rases sur le territoire de La Tranche-sur-mer et 9 sur le territoire de Longeville soit 11 coupes rases sur 104 prévues. Un rattrapage du rythme des coupes aurait dû, tout au plus, accélérer le planning mais surement pas, remplacer toutes les coupes prévues par des coupes rases.

 

L'arrêté d'aménagement forestier et, plus précisément, son article 1 stipule que "la forêt domaniale de Longeville, d'une contenance de 1225,43 ha est affectée principalement à la Protection du milieu naturel tout en assurant un accueil du public maitrisé et secondairement à la production de bois et à l'exercice de la chasse".

Dans ses articles 2,3 et 4, il nous indique que la forêt est scindée en 2 zones, la 1ère de 1011,10 ha dite zone de protection physique ou paysagère et de production, la 2ème de 214,33 ha dite zone d'intérêt écologique particulier - Réserve Biologique.

La 1ère zone est traitée en futaie irrégulière par parquet de 1 à 5 ha visant à établir un mélange de pin maritime et de chêne vert.

Dans le 2ème zone, les parquets sont de faibles surfaces (1 ha) et 18 ha sont conservés en un parquet de vieillissement.

L'article 5 nous précise que le directeur général de l'ONF est chargé de l'exécution de ce présent arrêté.

 

Un programme d'actions, proposé par l'ONF après une expertise minutieuse de la forêt et validé par le Ministre, figure en annexe de l'arrêté.

La forêt domaniale de Longeville s'étend sur 330 ha sur le territoire de La Tranche-sur-mer. Elle est inclue en totalité dans la première zone de 1011,10 ha. Elle est découpée en 15 parcelles numérotées de 35 à 49, elles-mêmes divisées en parquets de 1 à 5 ha.

Sur les 330 ha de forêt, seuls 125,72 ha sont à traiter entre 2001 et 2020, soit 38,01%.

Sur les 125,72 ha à traiter, 33,45 ha le sont en coupe d'amélioration, soit 26,61% et 92,26 ha en coupe de régénération 73,38% dont seulement 7,63 ha, soit 6,07% des 330 ha , sont en coupes rases.

Les autres 84,63 ha en coupe de régénération sont EXT qui signifie: extraction du pin maritime sur chêne existant.

 

On constate donc que ni le calendrier ni les méthodes de traitement de la forêt ne sont respectés. Nous ne devrions trouver que 2 parquets en coupe rase pour la période de 20 ans alors que nous sommes déjà à 8 plus 3 prévus en 2015. Toutes les coupes de régénération en EXT sont remplacées par des coupes rases et à ce rythme, effectivement accéléré, c'est près d'un tiers de la forêt qui va disparaitre d'ici 2020.

 

L'échelle de temps pour une forêt est effectivement proche de 100 ans. On ne peut donc pas accepter le rythme et les méthodes de l'ONF pour le traitement de notre forêt qui, bien que n'étant pas reconnue comme un Parc, mérite malgré tout des traitements adaptés à sa fonction principale: l'accueil du public.

 

A ce stade, il est indispensable de rappeler que la totalité de la forêt domaniale de Longeville est protégée par la Loi Littoral. Elle est placée en Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF). Intégrée dans le périmètre NATURA 2000 du Marais Poitevin, les règles d'aménagement doivent être conformes aux directives européennes. Les écrits de l'ONF le sont mais pas les actes sur le terrain.

 

Notre forêt domaniale, ainsi que 7 autres, font l'objet d'une étude particulière par l'ONF (schéma régional d'aménagement des forêts dunaires atlantiques).

 

L'étude du climat et de ses évolutions probables à court terme, l'étude du sol, dunes de sable contenant des débris de coquilles, limitent le choix des essences adaptées au milieu dont les potentialités forestières restent, quelque soit le choix, globalement médiocres à faibles.

" Le pin maritime en mélange avec le chêne vert constituent l'essentiel des peuplements dunaires atlantiques".

" La production de bois y est faible et peu rémunératrice".

 

Toutefois, la forêt a un rôle primordial dans la prévention des risques d'érosion éolienne et marine.

 

" La forêt littorale fait partie intégrante de l'aménagement du littoral, constituant l'un des attraits et donnant accès à de nombreuses activités".

 

 

" Alors que les enjeux liés à la préservation des richesses naturelles et de la biodiversité, plus localement à la perception paysagère et à l'accueil du public, constituant des éléments majeurs qui caractérisent les massifs forestiers du littoral atlantique, la production de bois demeure un élément secondaire du fait de la très faible productivité des stations, de la médiocrité des produits et des difficultés d'exploitation".

 

 

" L'accueil du public est un enjeu important des forêts littorales, dont l'organisation et le développement harmonieux doivent être étroitement concertés avec les usagers, les partenaires et les collectivités locales: accueillir le public, assurer la sécurité, protéger et gérer l'environnement".

 

 

" La protection foncière du domaine forestier nécessite une vigilance permanente face aux enjeux de développement touristique et d'urbanisme important du littoral".

 

 

Cette étude de l'ONF doit être croisée avec les objectifs de la gestion forestière durable:

 

" Les ressources et les terres forestières doivent être gérées d'une façon écologiquement viable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques et écologiques, culturels et spirituels des générations actuelles et futures".

 

 

En conséquence, même si notre forêt reste et doit rester un espace sauvage, l'accueil du public doit rester la priorité compte tenu de sa classification de forêt littorale. Cet accueil doit être maitrisé pour des soucis de sécurité, de protection et de gestion de l'environnement et de la biodiversité. Nous sommes donc bien, par définition, en présence d'un parc régional forestier.

Si le collectif ne conteste pas la nécessité d'entretenir la forêt mais uniquement par prélèvement des vieux arbres devenus dangereux pour le public et par un débroussaillage des parcelles afin d'apporter la lumière indispensable aux jeunes pousses pour se développer, " la dimension paysagère devra être prépondérante et renforcée lors des prise de décisions et des interventions en forêt".

 

" Une attention particulière devra être portée aux questions relatives à la qualité des coupes et à la diminution des impacts liés aux travaux et aux exploitations forestières".

Un traitement particulier des rémanents, dont le volume est loin d'être négligeable lors d'exploitation en coupe rase, doit être effectué "par démantèlement soigné et dispersion".

 

" Le traitement des lisières, en particulier au contact d'espaces urbanisés, le long des infrastructures touristiques et des itinéraires de randonnée, devra faire également l'objet d'attention particulière".

 

Notre forêt domaniale n'est donc pas un espace de production mais bien un espace de protection.

 

 

Nous avons donc l'intention d'inviter Monsieur Antoine COUKA, directeur de l'agence régionale ONF des Pays de la Loire à se déplacer à La Tranche-sur-mer, à venir constater sur place les très importantes dérives dans l'application de ses directives et à nous informer sur les actions qu'il compte mener pour rétablir la situation de notre forêt le plus rapidement possible.

 

" Il est indispensable de mettre en place une gouvernance locale par la création systématique d'un comité de concertation".



03/05/2015
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